Petrone - Satiricon - Un Exploit Amoureux 
traduction/texte : andromedanews@hotmail.com

UN EXPLOIT AMOUREUX
En trois paragraphes, Eumolpes confie à Encolpe un exploit amoureux de sa jeunesse...

Quand j'étais en Asie, où le service militaire m'avait conduit à la suite d'un Questeur, il m'arriva un jour à Pergamme d'être logé chez l'habitant. Le séjour là bas était très agréable non seulement parce que la maison de mon hôte était très confortable mais surtout grace à la merveilleuse beauté du fils de la maison. Je ne cessais à ce beau garçon et j'imaginai un plan pour devenir son amant sans éveiller les soupçon de son père. Lors des repas en famille, toutes les fois où il était question de l'amour pour les jolis garçons je montrais une vive indignation et je prétendais que mes oreilles ne pouvaient supporter d'entendre des propos aussi obscènes. Tout le monde, et surtout la maman, me considérait alors comme un vrai philosophe. J'avais ainsi facilement pris l'habitude de conduire moi même le garçon au gymnase et de régler moi même ses études. Je me chargeait aussi de lui donner moi mêmes des leçons particulières. Je m'assurais ainsi qu'aucun autre séducteur ne pourrai prendre pied dans la maison...

Nous étions un soir lui et moi couchés dans le triclinium. La célébration d'une fête avait écourté la classe et un long et joyeux festin nous avait enlevé tout courage de remonter jusque dans nos chambres. Je m'éveillai au milieu de la nuit et je m'apperçus que mon élève ne dormait pas. Je murmurai alors d'une voix timide un voeu à Vénus: « ô Déesse, dis je, si je peux embrasser cet enfant sur les lèvres sans qu'il ne s'en rende compte, demain je lui offrirai une paire de colombes ». Mon bel éphèbe avait tout entendu et se mis rapidement à ronfler, attiré par ce cadeau facile à gagner. J'en profitait pour m'approcher du petit fourbe et lui tenant la tête doucement je déposais quelques baisers puis pressait mes lèvres sur les siennes.

 

La nuit suivante nous nous retrouvions à nouveau tous les deux et m'assurant que le garçon ne dormait pas je recommençais mon stratagème et formulais en murmurant un nouveau voeu à la déesse: « si je puis le caresser d'une main sensuelle sans qu'il le sente, je lui donnerai deux magnifiques coqs de combat. Rapidement le beau garçon s'approcha de lui même, il craignait peut être que je fusse endormi. Je m'empressais de calmer son inquiétude en m'emparant de son corps que je couvris de caresses jusqu'à l'ivresse, mais sans aller jusqu'au suprême plaisir. Et sitôt le jour venu, je lui apportai, à sa grande joie, tout ce que j'avais promis.

La troisième nuit recommença de la même manière. Cette fois je me levai et je m'approchai du faux dormeur et je murmurai à son oreille: « ô dieux immortels, si je puis faire l'amour à ce garçon endormi jusqu'à la jouissance parfaite, je lui offrirai demain un magnifique petit cheval de Macédoine, à condition bien sûr qu'il ne sente rien ». Jamais le garçon n'eut l'air de dormir d'un plus profond sommeil. Je m'emparais alors de lui et je pressais mes mains sur sa belle poitrine à la blancheur de lait, puis je collais mes lèvres sur les siennes, puis je le pris dans une entreinte qui combla tous mes désirs.

Le lendemain, assis dans sa chambre, il attendait le nouveau cadeau. Mais vous vous doutez bien qu'il est bien plus facile d'acheter un couple de colombes ou une paire de coq qu'un petit cheval ! De plus, je craignais qu'un cadeau de cette importance ne rendit ma générosité suspecte. Après une promenade de quelques heures, je rentrais ches mon hôte en ne rapportant au garçon rien d'autre qu'un baiser. Mais lui, après avoir jeté des regards déçus de tous cotés s'accrochait à mon coup et me dit: « maître, où donc est mon trotteur ? »

Ma mauvaise foi venait de fermer la porte que je m'étais ouverte mais je brulait toujours de reprendre mon intimité avec le garçon. Quelques jours plus tard, un nouveau hasard m'offrit la chance d'être à nouveau seul avec le garçon, dés que j'entendis ronfler le père, je demandait à l'enfant de faire la paix avec moi, ou plutôt de consentir à se laisser faire plaisir... J'utilisais tous les arguments que mon désir le plus tendu pouvait me dicter. Mais lui, toujours en colère,ne cessait de me répéter: « dors, ou bien je vais le dire à mon père ». Pourtant à force de persévérance je finit par vaincre son obstination et alors qu'il me répétait à nouveau son « je vais le dire à mon père », je me glissai dans sa couche. Il résista encore un peu pour la forme puis finit par me laisser prendre le plaisir que je désirais si fort. Mon coup d'audace ne parut finalement pas lui déplaire, et même après s'être à nouveau plaint longuement de ma déloyauté et des moqueries de ses camarades auprès desquels il s'était vanté de mes largesses, il me dit: « moi, je ne suis pas comme toi, et si tu veux, tu peux recommencer ». Alors, tout fut donc oublié et , rentré en grâce auprès du garçon, je m'empressais d'user avec bonheur de la permission qu'il me donnait, après quoi, je retombais sur la couche et tombait dans le sommeil. Mais mon jeune éphèbe dans la fleur de l'age me tira tout de suite de mon sommeil et me dit: « eh bien quoi ? Tu ne veux plus rien ? » Je n'étais pas fatigué au point de refuser cette nouvelle proposition et je me retrouvais soufflant et suant et malgré la fatigue je parvint à nouveau à le satisfaire. N'en pouvant plus de plaisir et de fatigue je retombais rapidement dans le sommeil . Moins d'une heure aprés il me pinçait à nouveau et se collait contre moi pour me dire: « pourquoi ne le faisons nous plus ? » Ereinté et las d'être réveillé je me mis alors dans une furieuse colère et lui rétorquai ses propres menaces: « Dors, lui dis je, ou bien je vais le dire à ton père. »



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