Erik Izraelewicz
À son tour, la France est touchée : l'immobilier connaît chez nous aussi, depuis quelques mois, un sérieux coup de froid. Tous les chiffres publiés ces derniers jours le confirment : la chaîne dans son ensemble est infectée - la construction, les transactions, le prix du mètre carré, les loyers et les valeurs immobilières. La crise, ici, n'a bien sûr rien à voir avec celle qui mine l'Amérique depuis l'été dernier - cette crise dite des subprimes. Rien non plus à voir avec celle qui agite depuis quelques semaines l'Espagne ou la Grande-Bretagne. Dans ces pays, le virus est violent - comme le fut l'emballement passé. Ici, il est pour l'instant plus doux - l'euphorie n'avait pas atteint, chez nous il est vrai, la même dimension. Les symptômes de la maladie sont pourtant de plus en plus patents. Les mises en chantier de logements neufs ont fortement reculé au cours du premier trimestre. Les opérations d'achat et de vente sont de plus en plus difficiles. Le prix du mètre carré, pour le neuf comme pour l'ancien, a tendance à se stabiliser - il n'augmente plus, disent les professionnels pour ne pas alimenter la panique. La demande de crédit enfin s'essouffle. Rien de grave en réalité. L'immobilier vient de vivre, en France, de belles années. Les prix ont atteint des niveaux qui freinent l'achat, surtout pour les nouveaux accédants. Le secteur ne saurait échapper aux cycles, ni à l'influence de la crise américaine. L'année 2007 aura donc sans doute marqué un pic - pour la construction comme pour les prix. L'année 2008 et les suivantes pourraient voir le marché s'assagir - sans s'effondrer pour l'instant. Et c'est peut-être là le meilleur scénario que l'on puisse espérer. Certes, ce coup de froid va avoir des effets sur la création d'emplois, la consommation et la croissance. La construction avait, on s'en rappelle, fortement contribué, ces dernières années, à la réduction du chômage. Elle avait aussi favorisé les achats en matériaux, biens d'équipement et objets de décoration. Mais ce ralentissement du marché immobilier est pourtant le bienvenu. Il devrait permettre de stopper cette course folle des prix qui rendait inaccessible l'accession à la propriété pour un nombre croissant de Français. Mieux vaut, finalement, une petite grippe, salutaire, qu'une violente crise cardiaque.
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